Demand Driven : que faire après un pilote ?

Demand Driven : que faire après un pilote ?

Demand Driven : que faire après un pilote ? 600 450 Conseil stratégique & opérationnel I approche end-to-end | digitalisation de l'entreprise

Alors que beaucoup de pilotes et d’initiatives Demand Driven, et DDMRP notamment, sont lancées et que les résultats se présentent comme prometteurs, une question se pose souvent : quelles sont les prochaines étapes ? Déploiement, intégration verticale et horizontale, changement plus approfondi de culture, nous revenons sur les éléments clefs pour continuer votre chemin Demand Driven plus loin.

Ça y est, le Comité de Pilotage du projet DDMRP de votre entreprise vient de se terminer. Le Directeur des Opérations et le Directeur Supply Chain, sont contents de l’avoir sponsorisé : les résultats en valent le coup. Non seulement les Lead Time se sont drastiquement réduits et le taux de service a monté, mais cerise sur le gâteau, les stocks baissent, réjouissant le CFO, et le temps de gestion opérationnel s’est légèrement réduit alors même que la courbe d’apprentissage en est encore à ses débuts. Seuls un ou deux râleurs objectent -à raison- certains processus restants manuels ce qui leur donne droit à une remarque, quelque peu agacée, du Chef de Projet : « Oui, c’est normal, c’est encore un pilote ». Un doute s’installe maintenant : la méthodologie marche pour notre entreprise, mais comment aller plus loin ? Est-on seulement capable de le faire dans le contexte actuel ?

Toute ressemblance avec des entreprises existantes n’est évidemment pas si fortuite. Au cours des 5 dernières années, les pilotes se sont multipliés dans une multitude d’entreprises aux secteurs variés, de l’agroalimentaire à l’assemblage, des biens de consommations au luxe, de la sidérurgie à la pharmacie. Les résultats sont drastiques. On note en effet des moyennes de résultats impressionnantes. Le taux service monte de 17% dans les entreprises d’assemblage, avec des cas réguliers au-dessus de 30%, la baisse de stock est de 30% en pharmaceutique et cosmétique avec un cas jusqu’à 50%. Les entreprises de process arrivent pour certaines à baisser de 40% leur Lead Time, une division par 10 a même été observée pour certaines, de biens de consommation, avec une moyenne dans ce cas à 10% de baisse – les LT étant souvent déjà courts. Et le plus impressionnant : il est inutile de choisir entre stock, service ou Lead Time, l’équilibrage offert par la méthode permet de chasser plusieurs lièvres à la fois.

Mais l’enthousiasme des premiers résultats est vite tempéré par une réalité : que faire par la suite ?

Première piste toujours évoquée : l’intégration informatique « finale ». Souvent, lors du pilote, beaucoup de processus ont été laissés manuels afin d’accélérer le test. C’est le moment de rigidifier le fonctionnement : automatiser les imports, le passage de commande, optimiser les interfaces, commencer à construire le core-model. C’est d’ailleurs un des prérequis à un déploiement sur l’ensemble des sites et des périmètres. Evidemment, cela pose la question de l’architecture et de quel(s) outil(s) mettre en œuvre pour tout couvrir, alors que le marché bouge à une vitesse faramineuse (aucun lien entre votre prise de références d’il y a 6 mois et la capabilité actuelle des outils). Cependant les gains sont tellement importants qu’il ne faut pas non plus bloquer le déploiement pour ces raisons : étendez le périmètre avec votre outil pilote pendant que vous avancez sur les autres pistes, et réaliser un tour complet du marché – puisqu’enfin vous savez ce dont vous avez besoin. Si vous considérez que ça va peut-être représenter 15 ou 20K€ « d’investissement perdu » dans l’interfaçage au cas où vous changeriez d’outil, c’est que vous n’avez pas assez poussé la cinquième piste …

Deuxième piste : la prise en compte de processus complexes. Il n’est pas rare d’être confronté à la rigidité de processus lors de transformations Demand Driven qu’il faut alors prendre en compte. Si le temps disponible ne l’a pas permis dans le pilote, il faut maintenant se concentrer sur les processus majeurs mis de côté. On peut penser à l’ordonnancement, à l’ATP, à l’affectation des composants ou au multi-sourcing, par exemple.

Troisième piste : une intégration horizontale. Classiquement, les pilotes se font sur un niveau de nomenclatures. Certains s’étendent sur plusieurs niveaux en manufacturing et/ou en distribution. Cependant il y a une façon toujours efficace d’accroître les résultats : étendre la chaîne regardée. Et cette extension peut aller jusqu’aux fournisseurs, avec, par exemple, une VMI [gestion partagée des approvisionnements] pilotée non pas par un stock cible mais par un niveau de buffer, et de l’autre côté jusqu’au clients. Plus la chaîne est étendue, plus l’effet de sérénisation se fait sentir.

Quatrième piste : l’intégration « verticale » au sens MRPII. Remonter jusqu’au S&OP [Plan Industriel et Commercial] en intégrant la logique Demand Driven avec la brique du DDS&OP est plus qu’une option : ceci est nécessaire à la mise en place d’une entreprise totalement Demand Driven.

Cinquième piste : la révision du système de pilotage. Les indicateurs anciens (le prix de revient unitaire pour n’en citer qu’un seul) sont souvent inadaptés à piloter l’entreprise dans une idée d’optimum global et par conséquent ne sont pas non plus pertinents pour une entreprise Demand Driven. Mettre en place des logiques de pilotage par la marge contributive est une poursuite intéressante après un pilote. Des objectifs et indicateurs plus pertinents à tous les niveaux, des achats aux commerciaux en passant par la production, permettront de renforcer le changement de culture.

Sixième piste : une extension du périmètre, un déploiement. Finalement, la dernière piste est la plus évidente, agrandir le périmètre, rajouter des sites de production, augmenter le nombre de produits, de références, de gammes. Evidemment, si c’est l’idée qui génère le plus de leviers de gains, c’est également celle qui est la plus demandeuse de ressources. Prendre le temps d’améliorer l’intégration de son système, ses processus, ses outils de pilotage est sûrement un prérequis à un déploiement sur l’ensemble de l’entreprise.

Vous l’aurez compris, si votre entreprise a réussi son premier pilote Demand Driven, les pistes pour aller plus loin sont nombreuses. La voie pour atteindre le stade de DDAE (Demand Driven Adaptive Entreprise), où toute l’entreprise est Demand Driven, est encore longue et il sera nécessaire de bien planifier les délais et les ressources. Et vous, où en êtes-vous sur le chemin de votre transformation ?

Jérôme PACAUD, Manager et Anaïs LEBLANC, Directrice Associée

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