En plein Grenelle de l’environnement, chacun a conscience que la santé de notre planète a déjà été plus vaillante, et rares sont les opposants à cette lame de fond verte. Malgré tout, peu d’entreprises adoptent des pratiques plus viables et respectueuses pour l’environnement, notamment en ce qui concerne leur Supply Chain.
Les leviers y sont pourtant nombreux, depuis l’achat des composants, produits et emballages, la construction de plateformes respectant les principes du développement durable, la réduction de la pollution liée au transport (émissions de CO2, consommation de carburants), jusqu’à la récupération des déchets et leur recyclage (boom de la Reverse Logistic).
La mise en place du principe de « Supply Chain Verte » relève d’un véritable choix stratégique pour l’entreprise. La remise en cause de certains processus d’achat peut notamment engendrer une augmentation des coûts et doit nécessairement être soutenue par la direction de l’entreprise.
Comme dans chaque projet, il convient d’identifier prioritairement les gisements de productivité verte les plus importants et de s’y concentrer. La mise en place d’indicateurs permettant un suivi de leur évolution sera bien entendu nécessaire.
Il est également plus aisé de travailler sur des processus sur lesquels l’entreprise a un contrôle total (type d’énergie des camions, recyclage des emballages).
Dans la mise en œuvre de principes de Supply Chain Verte, il faudra distinguer les actions :
- Court terme (nos fameux Quick Wins) : il s’agit d’actions vertes menées sur des processus complètement maîtrisés ne nécessitant pas de remise en cause profonde de l’organisation actuelle de l’entreprise. Ces actions ont déjà été menées dans de nombreuses entreprises (tri sélectif des déchets, utilisation de papier recyclé, d’emballages propres…). Ces actions ne doivent pas apparaître comme une finalité. Il s’agit plutôt d’un point de départ nécessaire pour sensibiliser l’ensemble des collaborateurs à la démarche citoyenne de l’entreprise.
- Moyen terme : Il sera nécessaire de remettre en cause certaines « mauvaises » habitudes de fonctionnement voire même certains processus organisationnels.
Il peut s’agir par exemple de la définition d’un schéma de distribution moins consommateur en terme de transport, de la construction d’un entrepôt totalement indépendant du point de vue énergétique (panneaux solaires, récupération des eaux de pluie pour le nettoyage des camions etc.). Les dirigeants pourront également montrer l’exemple en réduisant leurs déplacements en avion ou voiture au profit de vidéoconférences tout aussi productives.
- Long terme : La maturité verte d’une entreprise lui permettra d’entraîner ses fournisseurs dans ce processus, de développer des partenariats avec d’autres industriels pour massifier ses transports, de concevoir des produits dans le souci du développement durable et du respect de l’environnement.
La contrepartie peut se révéler relativement lourde pour l’entreprise : on ne peut négliger l’aspect économique du développement du principe de Supply Chain Verte. La remise en cause de certains modes de fonctionnement au sein d’une organisation peut avoir une répercussion négative sur le prix de revient des produits et services ; et par conséquence un risque de répercussion sur le prix de vente final.
Cependant une étude de l’AMR Research réalisée aux États-unis a montré qu’une entreprise sur deux engagée dans le développement d’une Supply Chain Verte, considère que cela lui a procuré un avantage concurrentiel :
- L’anticipation des contraintes réglementaires fortes qui vont apparaître en Europe dans les années à venir en est un. La gestion du changement dans l’urgence génère en général des surcoûts.
- L’image que l’entreprise acquiert en mettant en place cette démarche, à savoir l’image auprès des consommateurs d’une « entreprise verte », peut également devenir une arme commerciale.
Dans un contexte annoncé de « New Deal économique et écologique mondial », rechercher un avantage concurrentiel ou acquérir une image d’entreprise citoyenne par la mise en place de procédures « vertes » ne seront pas une finalité en soi.
Une Supply Chain Verte ne doit pas être une condition suffisante pour l’entreprise, mais une condition tout simplement nécessaire.
Alexandre Mézenguel
Manager Citwell